Le suicide de cette jeune adolescente de St-Anne-des Monts en Gaspésie m’incite à écrire ces lignes. Cet événement bouleverse et emmène à poser des questions essentielles.
Mon but est très simple. En tant qu’enseignant, je cherche à trouver des solutions et des réponses mais principalement, à comprendre l’harcèlement scolaire.
J’admets d’être foudroyé de constater qu’une jeune fille de 15 ans s’enlève la vie parce qu’elle a subi l’accumulation de moqueries et autres humiliations.
La première question qui m’a passé par la tête en apprenant la triste nouvelle: Comment un jeune devient un harceleur à bas âge? De qui apprend-il cela? À qui la faute?
Parents? Professeurs? Directeurs, Entraîneurs? Gouvernement? Télévision? Médias sociaux?
(En passant, j’ai même entendu que ce cas était isolé et qu’il n’avait pas tellement d’harcèlement dans le milieu scolaire, et que l’on en fait un plat pour rien. Vraiment?)
Bien sûr, les parents sont les premiers visés. Est-ce que le comportement d’harcèlement commence à la maison entre frères et sœurs? Est-ce que trop d’heures sans surveillance devant le téléviseur ou encore sur les jeux vidéos peut créer le comportement d’harceleur? Si vous êtes parents, avez-vous déjà réprimandé votre jeune à cet effet? Avez-vous remarqué des changements et à quel moment?
Par la suite, un jour, nous, parents, ouvrons la porte à nos enfants et les envoyons dans une cour d’école. En ce lieu, nous espérons qu’ils et elles vont se former et apprendre à vivre en société. Mais, il semble bien que, dans ce milieu, la sauce se gâche autant.
Nous passons la balle aux enseignants, mais est-ce que c’est leur rôle de devenir surveillant? Est-ce qu'ils ont trop d’élèves dans leurs classes empêchant de bien instruire nos jeunes et d’avoir un meilleur profil de chacun? Est-ce que nous leur donnons assez de liberté et de droit à discipliner nos enfants?
Et les directeurs, font-ils leur travail à point afin de mettre des systèmes de surveillance? Quand ils découvrent que l’un ou l’une des élèves fautifs est signalé comme harceleur, portent-ils les bonnes actions? Les bonnes réprimantes? Ont-ils les bons outils pour changer la situation? Possède-t-il l’autorité nécessaire? Est-ce qu’ils doivent signaler immédiatement un élève aux autorités policières?
Du côté sportif, un entraîneur refusant un jeune de joindre une équipe parce qu’il est chétif ou ne possède pas les qualités pour une discipline ou encore encourage trop un jeune ayant du leadership et des qualités supérieurs aux autres, est-ce que cet entraîneur aide à créer une victime et un harceleur?
Et nos élus en poste, est–ce qu’ils dépensent assez dans les ressources afin d’équiper les intervenants du milieu? Est-ce que les programmes scolaires manquent de profondeur? Est-ce que ces mêmes programmes sont trop visés vers le futur et du même coup, mettre au rancart nos vieux principes? Par exemple, est-ce que l’on devrait revenir à un vouvoiement et des cours de bienveillance afin que les jeunes apprennent à être mieux courtois et respecter les autres?
On peut se demander aussi si les jeunes vivent trop dans un monde compétitif et se doivent d’écraser l’autre, assez pour qu’une personne décide de se suicider?
Est-ce que la télévision influence les jeunes à avoir des comportements de p’tits et p’tites voyous?
Il y a aussi le phénomène de l’humour au Québec. Nous sommes reconnus d’être la capitale du rire. Nos humoristes ont souvent la mauvaise habitude de s’acharner sur les plus faibles avec des blagues gratuites. Quand j’écoute des humoristes comme Mike Ward ou Jean-François Mercier, je trouve que nous sommes loin de l’humour « provocateur et songé » d’Yvon. ( Pour moi, Yvon Deschamps a aidé la cause des femmes avec ses blagues réfléchies) D’autre part, je me demande si des humoristes comme Ward et Mercier aident à fournir des munitions aux harceleurs?
Alors, où commence et où se termine les comportements qui peuvent engendrer l’harcèlement?
Personnellement, durant mon adolescence, j’ai subi du « bullying ». Je me souviens des trois harceleurs dont une fille du village qui avait le contrôle dans la cour de l’école. Presque tous les enfants se pliaient à ces demandes. Elle m’avait mis à dos les gars de la classe.
Le deuxième harceleur était un enfant unique, pratiquant les arts martiaux. Il était un « chef de gang » et s’amusait à voler mon lunch, à me tapocher et à rire de moi. Dans les deux cas, leurs départs subitement de l’école du village m’a permis de mieux respirer.
J’ai alors eu un répit jusqu’arrive le troisième mais lui, je ne lui ai pas donné grand temps. J’ai pris les choses en main et je lui ai fait face en lui assenant deux coups de poings sur la gueule et vlan, l’harcèlement a arrêté et j’ai pu poursuivre mon adolescence et m’illustrer dans mon bulletin scolaire et dans différents sports scolaire dont l’athlétisme. Sincèrement, à la minute que j’ai pris les choses en main, je suis devenu une nouvelle personne.
Je vous pose la question : en tant que parents, devrions-nous encourager nos enfants à prendre les choses en main et à se faire justice eux-mêmes?
Finalement, à mon avis, je crois sincèrement que l’harcèlement est un problème de société. Oui, ça commence à la maison, mais il doit y avoir un suivi de la part de chaque intervenant où passe l’enfant. Si l’enfant-trouble arrive à l’école avec ce comportement parce qu’il est mal éduqué par ses parents, il doit être suivi soit par un professeur, un entraîneur, un soutien psychologique. Il doit être pris en charge afin de la ramener sur le droit chemin. Les gens du milieu doivent être plus consciencieux et d’arrêter de remettre la balle à d’autres piliers.
Les gouvernements doivent mettre en place des moyens afin de mieux dépister les enfants-troubles et des programmes de prévention afin d’enrayer le fléau.
Mais... c’est seulement mon opinion.