16 mai 2009

SUMO: UN SPORT À LA RECHERCHE DE SES LETTRES DE NOBLESSES


Est-ce que vous saviez qu’actuellement en sumo, les deux Yokozuna          ( Grand Champion) sont Mongoliens? Et que le baseball a surclassé le sumo depuis une dizaine d’années comme sport #1 au pays du soleil levant?

Voilà des changements drastiques pour un sport datant de plus de 2000 ans. Oui, oui, 2000 ans, et appartenant exclusivement au peuple Japonais!

Cette compétition combine les arts martiaux et la lutte grégorienne et est remplie de superstitions et de rituels inimaginables.

Doris Simons, ancienne journaliste au NHK (Nippon Hoso Kyokai, télévision d’État au Japon) suit depuis 35 ans, les péripéties du sumo. Cette jeune Britannique de 75 ans, travaillant à son compte aujourd’hui, adore toujours la compétition, mais reconnaît que le sumo a perdu ses lettres de noblesses.

« C’est regrettable car c’est un sport qui enseigne le respect et la maîtrise de soi. Je crois qu’avec les bons changements, le sumo reviendra le sport # 1 dans le cœur des Japonais.»

Simons confirme que l’Association Japonaise du Sumo a reconnu qu’on doit moderniser mais avoue que la route va difficile car depuis 5 ans, des scandales ont vraiment fait mal et l’image du sumo en a pris pour son rhume.

En premier lieu, le grand Yokozuna mongolien, Asashoryu Akinori a été suspendu après avoir menti sur une blessure et surpris par une vidéo en train de jouer au soccer en Mongolie. Le populaire lutteur a dû apparaître à la télé afin de présenter ses excuses au peuple japonais.

Il faut comprendre qu’il y a eu seulement 69 Yokozuna depuis 1684 et Asashoryu a été le premier à être suspendu. Le sport a « perdu la face », un syndrome désastreux pour ce peuple asiatique. L’athlète a été tellement traumatisé par les événements, qui a été diagnostiqué dépressif pendant cette période.

En 2007, une seconde tuile frappe la compétition. Un juge de Nagoya a inculpé un entraîneur ainsi que trois lutteurs pour la mort de Takashi Saito. Ce jeune de 17 ans est mort d’un arrêt cardiaque peu après avoir été rossé à coups de bouteille de bière et frappé par un bâton de baseball. Les quatre hommes avaient été arrêtés dans l’enquête revelant que le corps du jeune Saito portait des ecchymoses, une profonde coupure sur le crâne, des oreilles à moitié déchirées et des brûlures sur les jambes. Le scandale a ému l’opinion japonaise et soulevé des questions sur la durée et les méthodes d’entraînement dans les coulisses du sumo. L’entraîneur a reçu une sentence de prison et a été également suspendu à vie par l’Association japonaise de sumo.

Suite à cette affaire, le champion mongolien Hakuhō Shō a levé le voile sur la pratique taboue du « bullying » auquel sont soumis les jeunes lutteurs. La justice japonaise s’en est mêlée afin de resserrer l’étau et aider le sport à refaire son image. Un entraîneur pris dans ce genre de pratique se verra dorénavant faire face à une peine de 7 ans de prison.

Accentuant les problèmes, en 2008, Shinichi Suzukawa a été arrêté en possession de 5.7 grammes de marijuana dans un appartement de Tokyo et a été condamné à 10 mois de prison avec sursis. Il a été banni à vie du monde du sumo.

Et pour ajouter à la liste de scandale pour un sport de plus en plus montrés du doigt, les journaux nationaux ont parlé de combats truqués. Un ex-sumotoris, Soslan Gagloev, qui a lutté sous le nom de « Wakanoho, s’est dit prêt à témoigner devant la justice et témoigné de matchs truqués et des sumotoris amateurs de marijuana. Wakanoho, âgé seulement de 20 ans, a été exclu à vie de l’Association japonaise du sumo pour possession de marijuana. L’ex-sumo poursuit l’association pour obtenir sa réintégration, jugeant la sanction trop sévère.

L’athlète a intensifié la pression sur les autorités en affirmant que le milieu actuel était pourri. Il a affirmé avoir été obligé de livrer des combats truqués contre de l’argent. Suite aux affirmations de Wakanoho, le président de l’Association du sumo et ancien grand champion, Kitanoumi Toshimitsu, une légende vivante au Japon, a été contraint à démissionner.

« Les sumotoris japonais sont en quelques sortes considérées comme des modèles pour la société » me rappelle Doris Simons. « Mais ça ne veut pas dire qu’ils ont tous les torts dans la presque descente au enfer du sport. Je crois qu’une fois que l’Association japonaise de sumo aura du sang jeune et neuf, on pourra faire un peu de ménages et atteindre de meilleurs objectifs pour les années futures ».

Simons me précise par exemple que pour longtemps, les vieilles têtes dirigeantes ne voulaient pas d’étrangers comme sumotoris. « Ils ont dû se rendre à l’évidence que le sport attirait l’attention à l’étranger et que la meilleure façon était d’ouvrir les portes à des athlètes d’ailleurs. Ça, je crois que c’est un pas en avant. » affirme-t-elle.

Déjà, une cinquantaine de sumos sont de l’étranger donc des Mongoliens, des Bulgariens, des Russes, des Coréens et des Chinois.

D’autres façons de refaire l’image du sumo? Des tournées à travers le monde sont organisées afin de promouvoir la compétition. L’Association de Sumo a aussi trouvé le moyen de présenter des soirées 
« funny sumo » au public afin que les gens puissent s’amuser et retrouver le goût à la compétition.*

*Quelques notes intéressantes :

Un sumotoris au niveau Yokozuna gagnent 25,000$ américains par année. Il faut ajouter qu’ils ont aussi des revenus parvenant de commanditaires et des bonis en accédant à des championnats.

Le sumo n’est pas encore reconnu comme un sport olympique mais la Fédération en a fait la demande depuis plusieurs années.

Il existe une Fédération de sumo en Angleterre et plusieurs petits groupes aux Etats-Unis.

L’ex-président français Jacques Chirac est un grand amateur et a même appelé son chien…SUMO

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